Ce qui s’est passé

España siempre ha sido y seráEterno paraíso, sin igual.
Paroles de la chanson Y viva España
Manolo Escobar – 1973

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La Guerre d’Espagne et la dictature franquiste ont fait des milliers de morts, des milliers de victimes et des milliers de réfugiés. Des réfugiés dont mes grands-parents ont fait partie. Pendant plus de 40 ans, le pays a fait comme-ci rien ne s’était vraiment passé, pour ne pas « rouvrir les blessures du passé ». On n’en parlait nulle part. Ni dans les manuels d’histoire, ni dans les familles.

J’ai longtemps pensé que si mes grands-parents n’avaient jamais vraiment évoqué leur passé, c’était seulement pour des raisons personnelles. Mais au printemps 2021, j’ai fait un voyage à travers l’Espagne qui a fait émerger beaucoup de questions. J’ai commencé à me documenter sur toute la période. En découvrant l’institutionnalisation de l’oubli, j’ai compris que le silence familial était en fait le reflet d’une politique nationale. Mes grands-parents, comme beaucoup d’autres espagnols, avaient intégré le fait qu’ils devaient se taire et aller de l’avant.

Dans ce projet, j’ai retranscrit l’impression qui m’a habitée pendant ces mois de voyage. Celle d’errer à la recherche d’indices, de traces dans un espace vide sans personne pour me répondre. J’y ai mis les seules choses que je sais, comme une barque pour représenter le bateau pris par mon grand-père pour arriver en France. Une entrée libre grillagée comme référence au camp de concentration où il s’est retrouvé. Une tombe sauvage pour la fosse commune dans laquelle mon arrière-grand-père a récemment été identifié. Mais aussi tout ce que j’ai pu lire sur les responsables et instigateurs de ce qui a eu lieu.

Car tout cela s’est bien passé.